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Dr. Doron Sagman

Le Dr Doron Sagman est vice-président de la R et D et des Affaires médicales de Lilly Canada ainsi que le directeur médical principal de Lilly. Dr Doron est un médecin comptant près de 20 ans d’expérience dans l’industrie pharmaceutique couvrant de nombreux domaines thérapeutiques, notamment la santé mentale, le diabète, l’oncologie, l’auto-immunité, la neurodégénérescence et la douleur. Il s’est entretenu avec MNC des mécanismes d’action les plus prometteurs en tant que moyens de traiter efficacement les personnes atteintes de la COVID-19.

Quelles sont les principales approches pharmacologiques faisant l’objet de recherches pour le traitement ou la prévention de la COVID-19 ?

Quatre grandes catégories de médicaments sont testées présentement.

De puissants immunomodulateurs, du type utilisé pour traiter les maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde, sont testés actuellement chez des patients hospitalisés pour la COVID-19. Ces patients présentent les symptômes les plus aigus de la maladie, allant jusqu’au syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), qui est souvent mortel. La théorie actuelle est qu’en atténuant la réponse immunitaire amplifiée chez les personnes infectées — la soi-disant « tempête de cytokines » — ces médicaments réduiront la gravité de la maladie et réduiront ainsi la mortalité.

Des antiviraux sont en cours de développement pour ralentir ou arrêter la réplication du virus dans l’organisme de la personne malade. En réduisant la réplication virale, les antiviraux réduisent le temps nécessaire à une personne pour se rétablir.

Les anticorps sont des protéines que l’organisme produit en réponse aux antigènes, dont les virus sont un type. Plusieurs compagnies, dont Lilly, développent des anticorps comme médicaments potentiels. Dans ce travail, les chercheurs prélèvent des échantillons de sang de personnes qui se sont rétablies de la COVID-19, et les examinent pour trouver — parmi les centaines de millions d’anticorps présents — les anticorps les plus prometteurs pour lutter potentiellement contre le coronavirus. Ces anticorps neutralisants empêchent le virus ciblé de se fixer et de pénétrer dans les cellules humaines saines. En théorie, cela peut empêcher le virus d’utiliser la cellule hôte pour se répliquer, ce qui propage l’infection et augmente la réponse inflammatoire de l’organisme. Les anticorps peuvent également accélérer le travail du système immunitaire en éliminant le virus actif de l’organisme, pour aider la personne à se rétablir plus rapidement.

Les vaccins sont la catégorie la plus connue de médicaments mis au point contre ce virus. Les vaccins entraînent le système immunitaire d’une personne à reconnaître et à combattre un virus ou une bactérie en particulier ; ils incitent le système immunitaire à fabriquer ses propres anticorps contre l’infection. C’est la base de tous les vaccins, y compris le vaccin antigrippal annuel. Présentement, des dizaines de vaccins sont en développement.

L’ampleur de la recherche et le rythme de ce développement pharmaceutique sont sans précédent, mais avant que l’un de ces médicaments potentiels puisse être incorporé à une utilisation généralisée pour combattre la COVID-19, la molécule devra avoir été prouvée sûre et efficace.

Comment la disponibilité éventuelle d’un vaccin aura-t-elle un impact sur le besoin de ces autres types de thérapies ?

Nous prévoyons que les antiviraux et les anti-inflammatoires capables de prévenir en toute sécurité les pires symptômes de la maladie continueront à jouer un rôle. De même, nous voyons un rôle possible pour les thérapies par anticorps après la disponibilité d’un vaccin. Par exemple, certaines populations peuvent choisir de ne pas se faire vacciner, ou elles peuvent ne pas être en mesure de se faire vacciner, en raison de problèmes comme un système immunitaire affaibli, une maladie chronique sous-jacente, ou elles peuvent être d’un âge plus avancé auquel les gens ne répondent généralement pas aussi énergiquement à la vaccination. L’éventuelle boîte à outils pour traiter et prévenir la COVID-19 contiendra probablement plusieurs médicaments différents pour différents aspects de la maladie.

Que pouvons-nous apprendre de l’exemple de l’hydroxychloroquine, qui a été présentée comme ayant un grand potentiel et dont on a maintenant démontré qu’elle faisait plus de mal que de bien ?

La menace de la COVID-19 est si urgente et si importante que nous voyons toutes sortes d’idées suggérées, des centaines de théories testées. Les résultats positifs sont médiatisés parce qu’ils donnent de l’espoir aux gens, mais lorsque les expériences sont à petite échelle ou que la méthodologie n’est pas rigoureuse, leurs résultats ne sont pas fiables et pourraient finalement être réfutés par des recherches plus robustes. Cette tendance n’est pas non plus exclusive au coronavirus. Nous voyons souvent des gros titres sur des chercheurs qui semblent être sur la voie d’un traitement curatif pour un certain type de cancer, par exemple, lorsque l’article en dessous raconte l’histoire des résultats de recherche produits uniquement chez la souris.

Tout cela est un excellent rappel de l’importance de la rigueur en recherche, avec des essais de grande envergure qui sont conçus et développés de manière à donner des résultats statistiquement significatifs. C’est extraordinaire et inspirant de voir autant d’activités de recherche axées sur ce seul besoin médical. Toutefois, la couverture médiatique d’idées qui se révèlent être des impasses illustre le défi inhérent à la recherche pharmaceutique et l’intensité des ressources que représente le développement d’une molécule, d’une théorie à un nouveau médicament approuvé pour l’usage humain. C’est un processus extrêmement complexe et la complexité n’apparaît pas toujours dans la couverture médiatique.

Le directeur médical mondial de Lilly, Dan Skovronsky, a déclaré à Reuters que l’anticorps de Lilly, s’il fonctionne, pourrait être approuvé dès cet automne, après avoir été isolé au printemps dernier. Comment cela se compare-t-il aux délais habituels de développement et de lancement d’un nouveau médicament ?

Il faut généralement 8 à 12 ans pour qu’une molécule soit identifiée, évaluée pour son innocuité et sa tolérabilité, et passe par trois phases d’essais cliniques rigoureux, qui comptent souvent des milliers de participants pour augmenter la précision des données résultantes sur l’efficacité et l’innocuité. Avec le coronavirus, nous n’avons pas 8 ans. Des millions de personnes tombent malades, des centaines de milliers de personnes meurent et notre économie mondiale souffre, ce qui fait aussi du tort aux gens. La propagation ne ralentit pas simplement parce que nous pensons qu’il est temps que ce soit le cas. Nous devons trouver des solutions rapidement, et l’industrie pharmaceutique met tout ce dont elle dispose pour combattre ce virus.

Je suis fier de faire partie de cette industrie innovatrice. Je suis impressionné — mais pas surpris — par les progrès qui ont été réalisés en si peu de temps par des équipes scientifiques hautement qualifiées et dévouées, et je suis optimiste quant à la disponibilité de traitements efficaces ou préventifs dans un proche avenir.

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