RENCONTREZ NOS EXPERTS: JOE FARAGO

Joe Farago
Joe Farago
Directeur exécutif, Payeurs privés et investissements
Médicaments novateurs Canada

Joe Farago occupe le poste de directeur exécutif, Payeurs privés et investissements, chez Médicaments novateurs Canada (MNC). Il dirige les efforts entrepris par MNC pour adopter une approche proactive et basée sur la recherche afin de garantir que la main-d’œuvre de demain ait accès à une couverture privée qui est solide et qui répond à ses besoins. M. Farago a récemment fait le point sur certaines des conclusions les plus importantes d’un rapport publié par MNC, 2016 – 2019 Analyse des générateurs de coût des demandes de règlement de médicaments des régimes d’assurance privés (en anglais seulement maintenant, à l’exception du sommaire exécutif). Ce rapport définit les facteurs responsables de l’augmentation du coût des demandes de remboursement effectuées auprès des régimes privés d’assurance médicaments entre 2016 et 2019, selon des données d’IQVIA. On y parle entre autres de l’incidence des changements apportés à l’Assurance-santé Plus en 2018 et 2019.

Pourquoi est-il important de comprendre les facteurs qui déterminent la croissance des coûts au Canada?

Une meilleure compréhension de ces différents facteurs aidera toute personne qui travaille avec les promoteurs de régime d’assurance médicaments à concentrer ses efforts et ses ressources de manière efficace ainsi qu’à mieux gérer le coût des prestations.

En résumé, quelles sont les principales conclusions du rapport sur les facteurs de coûts?

On croit souvent à tort que le prix des médicaments au Canada est trop élevé et qu’il menace la viabilité des régimes privés d’assurance médicaments. Toutefois, selon ce rapport, ce n’est pas tout à fait vrai. En fait, le coût des demandes de remboursement de médicaments augmente d’environ 5 % par an et non de 11 %, comme l’avaient prédit les assureurs. Les taux de croissance des régimes privés nationaux sont restés constants pendant la majorité des dix dernières années. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que plus de la moitié de la croissance est attribuable à une utilisation accrue des médicaments, et non à une augmentation de leur prix. Cela signifie que le nombre de personnes qui effectuent des demandes augmente, tout comme la quantité de médicaments visés par les demandes. Le prix des médicaments n’est donc pas le principal facteur influençant la croissance globale des coûts.

Une autre découverte majeure concerne les répercussions qu’ont les maladies chroniques sur les régimes d’assurance médicaments au Canada. Ces maladies constituent le principal facteur qui influence les coûts des régimes. Elles représentent 68 % des coûts et sont responsables de 79 % de l’augmentation observée entre 2016 et 2019. De plus, nous avons constaté que les personnes atteintes de maladies chroniques qui ont besoin de six médicaments ou plus représentent la charge de coût la plus disproportionnée.

Ces dernières années, une grande importance a été accordée aux médicaments coûteux. Toutefois, le rapport indique que les médicaments spécialisés dont le coût est élevé ne font pas partie des principaux facteurs. L’augmentation des coûts est principalement attribuable aux médicaments moins coûteux liés aux maladies chroniques, et non aux médicaments spécialisés ou utilisés pour soigner des maladies rares. Ce qu’il faut retenir, c’est que la grande majorité des coûts est attribuable aux personnes qui souffrent de maladies chroniques à facteurs de risque modifiables et qui pourraient bénéficier de programmes de prévention ou de gestion de ces maladies.

Cela dit, le rapport souligne également la nécessité de trouver une meilleure approche de répartition des risques associés aux demandes à coût élevé pour les petites et moyennes entreprises.

Comment les changements apportés à l’Assurance-santé de l’Ontario en janvier 2018 ont-ils influencé l’augmentation des coûts pour ce régime et les régimes privés?

Le gouvernement de l’Ontario a créé l’Assurance-santé Plus, un programme qui offre des médicaments gratuits à tous les Ontariens de moins de 25 ans, indépendamment de leur revenu familial ou de leur accès à une assurance privée. Les résidents admissibles y étaient inscrits automatiquement. Par conséquent, les demandes de remboursement admissibles au Programme de médicaments de l’Ontario des participants de moins de 25 ans ont été transférées des régimes privés au régime provincial. Toutefois, le gouvernement élu en juin 2018 a mis en œuvre des changements qui font que les enfants et les jeunes bénéficiant d’une assurance médicaments privée ne sont plus admissibles à l’Assurance-santé Plus depuis le 1er avril 2019.

Les demandes de remboursement des participants admissibles sont donc de nouveau envoyées vers les régimes privés d’assurance médicaments depuis le 1er avril 2019. Par conséquent, bien que la croissance des coûts ait chuté en 2018, une partie importante de l’augmentation observée en 2019 est attribuable aux nouvelles conditions établies en avril 2019. En résumé, les changements apportés ont eu une incidence notable.

Selon les conclusions du rapport, quelles recommandations faites-vous aux employeurs canadiens?

Trois points importants me viennent à l’esprit. Tout d’abord, il est clair que le système de santé doit mieux s’occuper des maladies chroniques, car elles représentent un fardeau de plus en plus lourd pour la population, l’économie et le marché du travail. Les employeurs doivent réaliser que ces maladies peuvent avoir des répercussions importantes et qu’elles influencent grandement le coût des demandes effectuées auprès des régimes privés. Pour contrer ce problème, ils pourraient offrir des programmes qui améliorent la santé globale des employés qui participent à leur régime afin de prévenir les maladies chroniques.

Je tiens aussi à souligner l’importance pour les conseillers et les promoteurs de régime d’avoir accès à des données qui les aident à mieux comprendre les facteurs de coûts. Cela leur permettrait de voir comment ils peuvent améliorer leur régime pour offrir à leurs membres l’accès aux prestations de santé dont ils ont besoin et pour planifier la création de produits et de programmes innovants.

Enfin, j’invite les employeurs à évaluer les régimes non seulement en fonction du coût des demandes de remboursement, mais aussi en fonction de la valeur de leur couverture et des effets des médicaments admissibles sur la santé de leurs employés.

Il est possible de collaborer pour améliorer la gestion des risques et la méthodologie de cotisation afin de mieux répondre aux besoins de nombreux promoteurs canadiens et d’assurer la viabilité des régimes à long terme. Tous les intervenants semblent s’entendre sur le fait que le modèle d’assurance actuel ne convient tout simplement pas aux médicaments coûteux et qu’il doit être évalué à nouveau afin d’offrir de meilleures assurances aux petites et moyennes entreprises.

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